Notion d'urgence en ostéopathie
Notion d'urgence en ostéopathie
Je suis de plus en plus souvent amenée à gérer des urgences qui n’en sont pas, et prendre en charge tardivement des animaux qui auraient mérité d’être vus bien plus tôt… Malgré une prise d’informations rigoureuse au téléphone, la notion d’urgence en ostéopathie n’est pas toujours bien claire dans la tête des clients.
Une urgence en ostéopathie ne suit pas les mêmes critères qu’une urgence vétérinaire. Effectivement, un animal abattu, prostré, qui ne mange pas verra en priorité un vétérinaire : peut-être a-t-il de la fièvre et une infection ? Peut-être a-t-il avalé quelque chose qui occasionne un début d’occlusion ? Peut-être a-t-il « simplement » un lumbago… Dans les deux premiers cas, l’urgence est vétérinaire, dans le dernier, plutôt ostéo. Mais l’idée principale est de ne pas prendre le risque de passer à côté d’une urgence vitale : je vous référerai donc systématiquement chez le vétérinaire en première intention si j’estime qu’il y a un risque que le mal dont souffre votre animal ne soit pas de mon ressort et qu’il y a urgence.
Néanmoins, je ferai toujours en sorte de vous proposer un créneau de consultation rapide quand l’urgence ostéopathique est justifiée : lumbago, sciatique, boiterie persistante malgré un traitement mis en place…
De manière générale, si vous pensez que votre animal a besoin de soins urgents dans les 48h, c’est qu’il faut probablement consulter d’abord le vétérinaire. Une gestion commune (véto + ostéo) est presque toujours intéressante et bénéfique. Si vous avez un doute concernant le degré d’urgence de votre situation, n’hésitez pas à passer un coup de fil à votre ostéopathe qui saura vous guider pour une prise en charge optimale.
Toutefois…
Un animal qui boite depuis 3 semaines, ce n’est pas (plus ?) une urgence. Ce n’est pas parce-que le propriétaire a décidé de prendre son téléphone et d’appeler l’ostéopathe que sa situation devient urgente.
Un chien de 4 mois qui présente des déviations d’aplombs ou anomalie de descente de testicules peut être considéré comme une « urgence », dans le sens où plus il sera vu tôt, meilleures seront ses chances de récupération. Le chien de 18 mois présentant les mêmes symptômes n’est plus à dix jours près…
Lorsqu’on m’appelle pour un animal qui a fait une lourde chute ou subi un gros trauma, je laisse généralement volontairement passer dix jours post-accident avant d’entreprendre de le manipuler : pour la simple et bonne raison qu’on n'est pas à l’abri d’un hématome mal placé ou d’une hémorragie interne potentielle ou de lésions internes pas forcément visibles en phase aiguë. Le risque zéro n’existe pas, et je fais en sorte de prendre le maximum de précautions pour ne jamais aggraver une situation. Donc, quand on me demande de manipuler un cheval « en urgence » un samedi soir parce-qu’il a panaché sur le cross le matin et qu’il doit être en concours le lendemain…, je refuse, même si ça fâche le propriétaire qui menace de consulter quelqu’un d’autre. J’ai des convictions et des valeurs, je fais en sorte de ne jamais aller à leur encontre.
Donc tout ça pour dire que dans l’extrême majorité des cas, je me plie en quatre pour assurer les consultations le plus rapidement possible, quitte à empiéter sur ma vie privée, mes jours de congés ou mes vacances. Mais il est de votre devoir de propriétaire de juger le plus objectivement possible la notion d’urgence : ayez toujours en tête que le créneau que vous bloquez pour votre animal est un créneau qui pourrait servir à un autre animal en réel besoin (ou à votre ostéopathe qui, malgré les apparences, a aussi une vie privée !). Les « fausses vraies » urgences sont délétères pour tout le monde et nuisent à la confiance nécessaire entre le propriétaire et l’ostéopathe.