Eliot est un croisé beauceron de 11 ans à qui on a diagnostiqué en avril 2023 un ostéosarcome des os plats. La chirurgie a consisté à lui retirer l’os maxillaire gauche : la mâchoire supérieure. S’en sont suivies 15 séances de radiothérapie à raison de 3 par semaine pendant 5 semaines.
La cicatrisation a fait dévier son nez (on voit la différence entre sa sortie de la clinique en post-chirurgie, et la séance de samedi au cabinet).
En dehors de la rareté de ce cancer, et du côté impressionnant de la chirurgie, le cas d’Eliot est très intéressant d’un point de vue ostéopathique.
La problématique principale sur laquelle j’ai travaillé, n’est pas son crâne en lui-même, mais toute la sphère respiratoire. En effet, les nombreux traitements, anesthésies et sédations ont engorgé son foie qui était très dense et peu mobile. Le foie est accolé au diaphragme, et dès lors qu’il manque de mouvement, ça se répercute sur les capacités de contraction/expansion du diaphragme, principal muscle de la respiration. Si on ajoute à ça, la déviation du nez, l’air passe moins bien, il est alors obligé de forcer pour inspirer, ce qui peut être très fatigant à terme. D’ailleurs, ses propriétaires ont observé qu’il était moins endurant et plus vite fatigué lors des sorties, malgré une motivation toujours présente.
Avant de travailler sur le crâne, j’ai également libéré une importante torsion entre les deux premières cervicales, elle aussi liée à la déviation du nez : il doit tourner la tête pour sentir, il utilise donc le pivot entre C1 et C2. De plus, les vibrisses ont été tondues du côté gauche, ce qui le désoriente légèrement lorsqu’il se rapproche du sol ou des obstacles (murs, arbres, meubles etc).
Évidemment, nous avons terminé la séance sur un travail crânien conséquent, mais loin d’être si catastrophique qu’on pourrait le croire!
Eliot est un amour de chien, d’un courage hors norme, comme ses dévoués propriétaires qui ont tout tenté pour lui.
Ce cas, aussi pour illustrer, que malgré sa « gueule cassée », il reste le même. Une amputation, quelle qu’elle soit, est toujours traumatisante…. pour les humains… les chiens ne se regardent pas dans le miroir, et leur capacité à vivre au présent leur permet de profiter, coûte que coûte. Et ça, les propriétaires d’Eliot l’ont bien compris!