CRISE DE CROISSANCE ET SYMPTOMES A SURVEILLER
Juste avant les mesures de confinement, j’ai vu plusieurs chiots en consultation, dont deux présentant des symptômes typiques d’une augmentation de la FTM (« Force de Traction Médullaire »), que j’appelle plus classiquement, dans le cadre de jeunes individus, « tensions de croissance ».
Il me semble intéressant de vous présenter dans cet article les symptômes à surveiller lors de la croissance de vos chiots, afin que vous puissiez réagir au plus vite, ceux-ci n’étant pas à prendre à la légère. Ils sont particulièrement visibles sur les chiens de grande race à fort potentiel de croissance, mais on peut aussi les observer sur les petits et moyens formats.
Avant toute chose, la FTM, kézako ?
C’est une notion développée par un chirurgien Barcelonais, Royo Salvador, transposée à l’ostéopathie humaine par un médecin Barcelonais également, Antonio Ruiz de Azua Mercadal, puis à l’ostéopathie animale par un vétérinaire ostéopathe Ariégeois, Patrick Chêne (aux cotés de qui j’ai appris cette technique).
Pour faire simple, pendant la croissance (quelle que soit l’espèce, donc valable pour nous humains également… !), la moelle épinière grandit moins vite que la colonne vertébrale. En effet, cette dernière réagit à l’hormone de croissance, tandis que la moelle épinière n’y répond pas. En résulte l’installation d’une tension différentielle entre les deux, physiologique, mesurable en grammes : plus ou moins 15-20 quand tout va bien et pour un fonctionnement optimal du système nerveux.
Lorsque tout va bien, les deux s’adaptent mutuellement, régulièrement au cours de la croissance. Mais des variations peuvent apparaître pour diverses raisons (alimentation trop riche souvent, traumatismes etc), et ainsi troubler l’adaptation. Dès lors, une augmentation de la tension va se mettre en place. Dans les premiers temps, les symptômes seront discrets et la tension compensable (boiterie, spasmes musculaires, raideurs, etc), mais au fil du temps, les symptômes grandiront et le corps aura de moins en moins de possibilités de compenser : les déformations (aplombs, dos, queue) et atteintes neurologiques dans les cas les plus graves (hernie discale, wobbler) apparaîtront.
Une fois le système nerveux archi-tendu, le corps n’aura de cesse de trouver des moyens de faire baisser cette tension. Et tous les moyens seront « bons ». C’est alors qu’on observera des déformations parfois très impressionnantes des aplombs et/ou de la colonne vertébrale.
Pour schématiser et comprendre enjeux et fonctionnement : imaginez un collier de perles, dans lequel les perles représentent les vertèbres, et le fil la moelle épinière. S’il n’y a pas de tension sur le fil, les vertèbres ont tout le loisir d’être mobiles. Mais dès lors qu’une tension apparaît dans le fil, les vertèbres vont dans un premier temps se plaquer les unes aux autres (pensez qu’il y a un disque intervertébral entre elles, qui va se retrouver fortement comprimé), puis la tension ne cessant d’augmenter, les vertèbres vont soit se déformer elles-mêmes (malformation des corps vertébraux), soit déformer l’ensemble de la colonne, et engendrer cyphose, lordose ou scoliose. Les déviations des membres pendant la croissance sont aussi à inclure dans les possibilités de compensation que le corps recherche à tout prix. Parfois, souvent même, c’est carrément un arrêt de la croissance que le corps décide de mettre en place…. C’est pourquoi j’ai déjà eu des cas de chevaux qui ont pris 4 ou 5 cm à 8 ans après une séance axée sur ces tensions… !
En ostéopathie, nous pouvons agir sur cet excès de FTM, en travaillant notamment sur les insertions de la moelle épinière et en abaissant drastiquement la tension. Les résultats sont rapides et spectaculaires. Vous comprendrez alors qu’il n’y a pas « d’âge minimum » pour consulter. J’entends trop souvent « on va attendre la fin de la croissance pour le montrer à l’ostéo » : non, non et re-non ! On n’attend pas la fin de la croissance dans des cas comme ça : plus ce sera pris tôt, meilleurs seront les résultats et les chances de récupération totale. Le travail sur la FTM est doux, sans risque et sans contrainte pour les articulations. Il ne faut pas « attendre que ça passe » ; déjà parce-que ça ne passera pas tout seul, et parce-que pire encore, vous aurez peut-être l’impression que « c’est passé », mais c’est juste que le corps aura trouvé un moyen (encore invisible) pour compenser. Un jour, ça deviendra visible, et ce jour-là, peut-être qu’il sera trop tard.
Les excès ou baisse de FTM ne concernent pas que les jeunes en croissance, on peut observer ces phénomènes à tout âge. C’est notamment le cas après un AVC : il y a une chute brutale de la tension, comme si le système nerveux avait « court-circuité ». Là-aussi, grâce à la technique de FTM, les résultats sont très bons après un AVC.
Principaux signes à observer :
- Aplombs des membres : s’ils se déforment progressivement pendant la croissance : panard/cagneux/bouleté
- Boiterie ou raideur des membres/générale, d’apparition soudaine ou progressive sans antécédent de trauma, principalement entre 4 et 9 mois
- Queue coudée, déformée, en « tortillon », raide (+ queue coupée, facteur aggravant de l’augmentation de la FTM)
- Dépression (creux) à la base de la queue
- Déformations du dos : cyphose, lordose, scoliose
En illustration, des dessins des signes à observer et des photos de cas personnels.
Jeune Mastiff d'un an, dépression à la base de la queue.
Après un suivi tout au long de sa croissance, cette dépression a disparu.
Dogue Allemand de 5 ans.
Bébé Bobtail de quelques jours.
Cavalier King Charles présentant une importante scoliose provoquant des dorsalgies chroniques. Un suivi ostéopathique régulier lui permet de vieillir pour le mieux.
Principaux signes à observer pendant la croissance. Si votre chien présente un ou plusieurs de ces symptômes, il faut agir au plus vite.